Massacre à la tronçonneuse : Le commencement

Publié le par Dino Velvet

Massacre à la tronçonneuse : Le commencement

la critique

Fiche technique :

Titre : Massacre à la tronçonneuse : Le commencement (The Texas chainsaw massacre : The beginning)
Année : 2006
Réalisateur : Jonathan Liebesman
Scénariste : Sheldon Turner
Directeur de la photographie : Lukas Ettlin
Compositeur : Steve Jablonsky
Acteurs : Jordana Brewster, Matthew Bomer, R. Lee Ermey, Andrew Bryniarski

Note :

4/6

A une époque où le médium cinématographique présente une tendance lourde à l’auto-recyclage (voir le nombre conséquent de suites et remakes sortis ces dernières années), le phénomène des « préquelles » gagne logiquement du terrain. En ce début d’année 2007, ce sont les sagas du Docteur Lecter (Hannibal Lecter : les origines du mal) et de la famille Hewitt (Massacre à la tronçonneuse : Le commencement) qui en sont l’objet (la franchise Halloween va connaître prochainement le même sort). Si l’idée de faire une « préquelle » de Massacre à la tronçonneuse peut paraître saugrenue, il en était de même pour celle d’un remake … qui s’est révélé être une agréable surprise (à l’instar de celui de Zombie). Capitalisant sur des partis pris formels radicalement opposés à ceux du film de 1974 (l’esthétique documentaire laissait place à des visuels apprêtés et la suggestion cédait le pas au gore), la relecture du film culte de Tobe Hooper par Marcus Nispel s’est avérée très fréquentable, bien que (nécessairement) inférieure à l’original. Initié pour surfer sur le succès commercial de la version de 2003, Massacre à la tronçonneuse : Le commencement se rattache donc davantage au remake qu’au film originel.

Le scénario de The Texas chainsaw massacre : The beginning est curieusement construit. Si les bonnes idées sont nombreuses, elles s’inscrivent dans un ensemble par trop convenu. Consciencieux, le script s’attache à bien remplir son cahier des charges de « commencement ». Le film s’ouvre en 1939 avec la naissance (glauque) de Thomas Hewitt (Leatherface), un être physiquement et mentalement corrompu qui ne tardera pas à basculer dans la folie la plus totale une fois mis dans l’impossibilité de poursuivre sa carrière d’employé d’abattoir. Dans ce nouvel opus de la saga texane, le boogeyman au masque de cuir sera sans doute plus barbare que jamais, ce qui nous vaudra des passages gore très graphiques. On assiste aussi à la transformation de Charlie Hewitt en sheriff Hoyt, ce personnage apparu dans le remake de 2003. S’il est toujours agréable de retrouver un R. Lee Ermey cabot dans le rôle (mention spéciale pour la référence à Full metal jacket), on peut encore déplorer l’omniprésence du sheriff au détriment des autres membres de la famille dégénérée, Big Tommy en tête. Toujours dans cette optique explicative, on apprendra également comment l’oncle Monty a perdu ses deux jambes (séquence à l’humour très noir) et pourquoi les Hewitt sont devenus cannibales (une justification un peu légère). Parfois surprenant (les victimes sont plus combatives qu’à l’accoutumée, le personnage du motard providentiel étonne) et déférent (la scène du repas assure le lien avec le film de 1974), le scénario affiche toutefois deux points noirs : la toile de fond (guerre du Vietnam) n’est jamais exploitée correctement et la trame narrative globale est beaucoup trop proche de celle des films de Hooper et Nispel. Conséquence : le métrage ne va jamais bien loin dans l’exploration de l’univers TCM.

La réalisation de Massacre à la tronçonneuse : le commencement a été confiée à Jonathan Liebesman, cinéaste remarqué avec Nuits de terreur (excellente mise en scène au service d’une histoire basique). Hélas, Liebesman n’a ici guère l’occasion de prouver sa virtuosité tant il se trouve contraint par les jalons visuels du film de Marcus Nispel. Les codes esthétiques du titre de 2003 (photographie léchée et montage très cut) sont en effet repris à la lettre. Ici, pas question d’avoir ces plans « carpentériens » qui faisaient toute la beauté formelle d’un Darkness falls. N’en reste pas moins une réalisation « de commande » tout à fait honorable puisqu’elle insuffle une bonne dose de tension de malaise au métrage.

S’il pêche par un manque d’originalité, Massacre à la tronçonneuse : Le commencement s’impose tout de même comme un film horrifique très efficace qui se positionne un bon cran au-dessus du remake de Marcus Nispel.

Dino Velvet
Le 9 février 2007

Publié dans Cinéma : la critique

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