Wolf creek : la critique

Publié le par Dino Velvet

Wolf creek : la critique

Fiche technique

 

Titre : Wolf creek (id.)
Année : 2005
Réalisateur : Greg McLean
Scénariste : Greg McLean
Directeur de la photographie : Will Gibson
Compositeur : Frank Tetaz
Acteurs : Cassandra Magrath, Nathan Phillips, John Jarratt

Note

 

4/6

Présenté à la quinzaine des réalisateurs au festival de Cannes 2005, Wolf creek, survival jouant la carte de l’horreur rurale en Australie, sort en salles précédé d’une bonne réputation. Premier long-métrage de son réalisateur, le film fait de Greg McLean un nom à retenir, voyons pourquoi.

Croisement entre le road movie et la vidéo de vacances (avec tout ce que cette dernière peut avoir d’ennuyeux), le début du métrage se focalise sur le périple de trois jeunes gens (Liz, Kristy et Ben) jusqu’à wolf creek, un gigantesque cratère perdu au milieu du bush australien. Arrêtons-nous d’emblée sur les trois personnages qui, loin d’être deux bimbos siliconées accompagnées par un adolescent libidineux, sont des adultes n’ayant pas des physiques de mannequins (pour preuve, l’une des actrices s’appelle Magrath …) ni un quotient intellectuel de quarante-deux. En un mot, nos trois compères sont crédibles. Une fois la visite du site terminée, la pluie, comme annonciatrice des terribles évènements à venir, se met à tomber dru et transforme le paysage aride en bourbier. Un malheur n’arrivant jamais seul, la voiture refuse de démarrer. A ceux (toujours les mêmes) qui crient déjà à l’énorme ficelle narrative vue au moins deux cent fois, on pourra rétorquer qu’il n’y a rien de bien surprenant à voir une vieille guimbarde achetée au rabais tomber en panne. Après une attente plutôt angoissante, les trois personnages voient arriver leur sauveur en la personne de Mick (excellent John Jarratt), sympathique péquenaud australien (on évoque Crocodile Dundee de vive voix) qui se propose de les remorquer jusqu’à chez lui afin de réparer gracieusement leur véhicule. Liz, Kristie et Ben acceptent, et le film de basculer franco dans l’horreur poisseuse. Le réveil sera brutal.

S’il possède un pitch très classique et qu’il s’avère long à l’allumage (ce dernier point étant son défaut majeur), Wolf creek est pourtant construit avec une indéniable habileté. En effet, le moindre élément (cf. la vidéo tournée par Ben) est savamment amené dans la première partie et trouve une effroyable résonance dans la seconde. Le procédé est imparable. Illustrations. Splendides, les vastes paysages deviennent menaçants en diable. Fuir dans le désert ? Pour aller où ? Tomber dans un précipice ou être vu par le tueur à des kilomètres, les dangers ne manquent pas. Le sentiment d’impuissance est criant et la vulnérabilité réelle, la terrible scène dans laquelle Mick joue au sniper l’atteste avec brio. En nous les présentant très longuement, le film a largement crédibilisé les futures victimes à nos yeux et décuple ainsi son impact. Sans aller dire que l’on souffre avec les trois personnages, on ne peut guère être indifférent au calvaire qu’ils vont endurer. Sans être particulièrement gore, Wolf creek ménage des scènes cruelles et douloureuses (la « tête sur une pointe », de loin le passage le plus éprouvant du métrage) qui mettent parfois mal à l’aise (Liz épie Kristie dans les griffes du psychopathe tandis que le spectateur, lui, observe le tout). Plus proche d’un Délivrance que de La colline a des yeux, Wolf creek nous montre aussi un monstre à visage humain d’un réalisme troublant. Sous des dehors bienveillants se dissimule un homme rustre et abject, ancien chasseur dont la technique de prédation est bien rôdée. Sans en avoir l’air, le film nous avait préparé à rencontrer cet odieux individu avec la scène du bar qui, évoquant Duel, faisait déjà intervenir des autochtones antipathiques et agressifs envers les touristes. Soigneux dans sa mise en scène (le tournage en caméra DV renforce l’authenticité de la chose et les changements de point de vue sont tout à fait remarquables), Greg McLean ne perd jamais de vue l’aspect réaliste de son œuvre (le scénario est nourri de sordides affaires ayant réellement eu lieu en Australie) et grand bien lui en prend.

Sans s’imposer comme un fleuron du genre (ce que fit récemment The descent), Wolf creek n’en demeure pas moins un survival malin et réussi.

Dino Velvet
Le 14 août 2006

Publié dans Cinéma : la critique

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