Le parfum

Publié le par Dino Velvet

Le parfum : la critique

  

Fiche technique :

 

Titre : Le parfum : histoire d’un meurtrier (Das parfum – Die geschichte eines mörders)
Année: 2006
Réalisateur: Tom Tykwer
Scénaristes : Tom Tykwer, Andrew Birkin, Bernd Eichinger
Directeur de la photographie: Frank Griebe
Compositeurs : Reinhold Heil, Johnny Klimek, Tom Tykwer
Acteurs : Ben Whishaw, Dustin Hoffman, Alan Rickman, Rachel Hurd-Wood

 

Note :

 

4/6

 

Plusieurs cinéastes prestigieux, dont Stanley Kubrick, ont longtemps songé à transposer au cinéma Le parfum, célèbre roman de Patrick Süskind. Tous ont fini par jeter l’éponge. Un réalisateur, récemment attaché au projet, a toutefois décidé de relever le défi. Il s’agit de Tom Tykwer, metteur en scène allemand surtout connu pour avoir signé Cours Lola cours, l’un des films les plus énergiques de l’histoire du septième art. Lorsqu’on lui rappelle que suggérer l’odeur par l’image a tout d’une gageure, Tykwer répond simplement que le livre de Süskind ne sent rien. Un point.

 

Pas facile pourtant, dans l’absolu, de faire vivre à l’écran une histoire éminemment olfactive. Cette histoire, c’est celle de Jean-Baptiste Grenouille (Ben Whishaw, pas toujours convaincant), un homme dont l’odorat est si développé qu’il peut sentir à des distances faramineuses et distinguer deux odeurs avec une précision inouïe. Après un début d’existence extrêmement âpre, Grenouille parvient à se faire engager comme assistant par Giuseppe Baldini (Dustin Hoffman en pleine possession de ses moyens), un parfumeur dont la splendeur et la renommée d’antan se sont flétries. Presque logiquement, notre personnage principal finira par quitter Paris pour rallier le Sud de la France et la capitale mondiale du parfum, Grasse. Sur place, Jean-Baptiste Grenouille sera aux prises avec ses deux obsessions : son souhait de parvenir à capturer les odeurs et sa volonté irrépressible d’obtenir la fragrance ultime, dusse-t-il pour cela ôter la vie à plusieurs femmes … Force est de constater que Tom Tykwer s’en sort bien pour illustrer les senteurs par des images. Lorsque nous assistons à la naissance de Grenouille dans un marché à poissons putride puis que ce dernier, devenu plus âgé, travaille comme un forçat dans la puanteur d’une tannerie, c’est comme si l’on pouvait respirer ces atmosphères sales et nauséabondes. Dans un registre plus agréable pour les narines, le spectateur pourra presque sentir les effluves naturelles humées par un Grenouille rêvassant à la campagne, ou encore le parfum à la mode dont Baldini essaie de percer le secret (une scène très communicative grâce à la superbe prestation de Dustin Hoffman). Si le réalisateur parvient donc à ménager des passages « olfactifs », le film est aussi très tactile, voir, par exemple, le premier meurtre avec ses superbes plans caressants à fleur de peau ou encore la graisse animale que le meurtrier retire soigneusement des chevelures de ses victimes.

 

Si, à plusieurs reprises, le métrage évolue sur le fil du rasoir, il n’est jamais risible. Certes, la scène dans laquelle Baldini découvre le premier parfum concocté par Grenouille est un peu maladroite, voire carrément too much, mais elle ne plombe pas l’ensemble. Dans le même ordre d’idées, le climax et le final du Parfum auraient pu être d’un ridicule fini. Heureusement, il n’en est rien car Tom Tykwer leur insuffle une grâce visuelle (plans aériens et réalisation virtuose) qui les en préserve. On ne tiendra pas non plus rigueur des autres petits défauts du métrage, tels un deuxième acte un peu longuet et surtout plus faible que le précédent (qui capitalisait à fond sur le contraste entre un Paris poisseux et l’univers raffiné des parfumeries qu’il abrite), une voix off superfétatoire et un Alan Rickman cantonné à de la figuration.

 

En dépit de petites imperfections noyées dans un ensemble réussi, Le parfum s’impose donc comme un film élégant et sensuel.

 

Dino Velvet
Le 12 octobre 2006

Publié dans Cinéma : la critique

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article